Et vous pourquoi écrivez-vous pour la jeunesse?
J'ai répondu à cette question dans le cadre d'une exposition lors du Salon du livre "Racines de Ciel" qui aura lieu à Ajaccio à la fin du mois d'août:
Et vous pourquoi écrivez-vous pour la jeunesse ?
Cette question m’entraîne tout de suite vers une autre question : pourquoi j’écris ?
J’écris parce que j’en éprouve le besoin. Plus j’écris, plus j’ai envie d’écrire. Mes histoires surgissent d’un coup, parfois, presque malgré moi, comme une évidence. Cela me renvoie à cette citation de Gombrowicz : « Tout est cousu d’enfance. Ce n’est pas nous qui disons les mots, ce sont les mots qui nous disent. »
Je trouve que la dernière phrase résume vraiment ce processus un peu magique de l’écriture. C’est peut-être cette part d’enfance qui existe en chacun de nous qui nous incite à écrire pour les enfants ?
Quoi de plus magique que de découvrir son histoire dans un bel album accompagné d’illustrations qui apportent une autre dimension ? Chaque nouvel album est comme un petit caillou que je sème sur mon chemin.
Je n’ai pas prémédité d’écrire pour les enfants. Cela s’est fait spontanément. Pendant longtemps j’ai écrit de temps en temps en me disant qu’un jour, je m’y mettrais vraiment. Quand les premières histoires ont surgi, il était évident qu’elles s’adressaient à des enfants. Etait-ce parce que je préfère écrire des histoires courtes, ancrées dans l’imaginaire même si bien souvent elles démarrent à partir d’un fait réel et concret ou supposé l’être ?
Il me vient à l’esprit, un album précis : « Le magicien du temps » paru aux éditions Bilboquet et magnifiquement illustré par Simona Cordero. L’histoire est née d’une image venue de l’enfance (réelle ou imaginaire, je ne sais), celle d’un funambule sur une place de village, un soir d’été. Toujours est-il que le magicien du temps est né de cette image…
Je pourrai multiplier les exemples…
Mon imagination se nourrit de tout et de rien : d’un mot, d’une phrase, d’une image, des rires d’un enfant, d’une conversation captée en passant et des mille et une petites choses de la vie.
Les histoires que l’on écrit pour les enfants nous entraînent vers notre propre enfance qui demeure en nous comme le noyau d’un fruit. Nous nous construisons autour de ce noyau mais sans cesse l’enfance résonne en nous.
Peut-être que l’on écrit les histoires que l’on ne nous a pas racontées ??
Peut-être que les mots nous protègent ?
Le temps que l’on passe à écrire est un temps « hors du temps » qui donne une autre épaisseur à notre vie et où rien de mal ne peut nous arriver….
Je crains d’être un peu hors sujet. Je crains de m’égarer…. Mais en conclusion je voudrais dire simplement que l’on écrit avant tout pour se faire plaisir et l’on espère faire plaisir aux autres. En ce qui me concerne, j’espère que la lecture de mes albums, allumera des petites lumières dans les yeux des enfants !
Jeanne Taboni Misérazzi